Pour For intérieur, l’artiste Goni SHIFRON s’en remet à l’habitat primordial, avec cette matérialisation d’un coin recouvert d’argile, fortification de l’intime dont la lumière naturelle vient timidement éclairer le creux. Dans cet environnement quasi monochrome, tendu vers une forme d’abstraction, le vestige de la ruine y est patent, jamais grandiloquent.
Dans For Intérieur, la jeune artiste diplômée de l’EnSAD (section scénographie) en 2016 esquisse une architecture primordiale en perte d’ancrage. « Que construit-on sur des fondations muables ? » semble suggérer cette image de reporter de palestiniens récupérant des pierres de la destruction de l’aéroport de Gaza le 16 août 2010, en amorce de l’exposition.
Dans cette nouvelle histoire qui s’écrit chez Fabre ; l’artiste Goni Shifron a souhaité y implanter son désert, celui dans lequel elle a vécu enfant avec ses parents jusqu’à l’âge de 16 ans. Une expérience radicale qui fait suite à une prime enfance passée dans un Kibboutz. Le désert ainsi matérialisé représente l’envers suspendu et neutralisé de la partie habitable du monde pour Michel Foucault. Certains voient aussi le désert comme une hétérotopie de crise pour des adolescents en quête d’utopie. Pour beaucoup, le désert apparait à la fois comme espace d’illusion et de compensation.
Dans les différents projets de Goni Shifron, les lieux évoqués sont tous situés. Ils ouvrent pour autant sur une abstraction comme les vues photographiques d’une base militaire désaffectée, au seuil de l’espace administré par l’ONU entre Israël et la Syrie. « J’accède à cet espace à l’aube. J’observe l’horizon qui est un ailleurs : un lieu où je ne peux pas me rendre. Un lieu de l’autre. Là bas, je ne pourrai jamais y aller. Je ne pourrai jamais voir. Concrètement ce que je vois est un vide. Un horizon désertique ».
exposition chez Fabre sur rdv
20 rue Fabre d’Eglantine 75012 Paris
dossier de presse