Que nous disent les œuvres de jeunesse des grands peintres de l’Histoire de l’Art, de l’influence de leurs maîtres, des affinités et de la construction d’un parcours artistique ? La société porte aujourd’hui un regard attentif à la jeune création cherchant à déceler très tôt les talents de demain, au risque d’enfermer l’artiste dans un système dont la production serait attendue. Ce cycle de cours montre les aléas de la création, ses revirements et parfois le passage par la destruction comme modalité de création.
Des actes iconoclastes
Certains artistes procèdent eux-mêmes à leur autodafé par insatisfaction ou volonté de faire table rase du passé. Persuadé de son incapacité à exprimer sa vision du monde, Francis Bacon détruit les peintures réalisées vers 1944. De même ses productions de meubles sont restées confidentielles jusqu’à ce que l’artiste anglais Simon Starling s’y intéresse. L’Américain John Baldessari brûla en 1970 une partie de sa production picturale afin d’en créer une nouvelle à partir des cendres, symbolisant le lien entre création artistique et cycle de vie humaine.
Les prémices du talent
Comme pour mieux décrypter le parcours d’un artiste, certaines expositions reviennent sur les œuvres souvent méconnues des débuts. La récente exposition de Friburg en Suisse « Holes in the Walls, Early Works 1948-2013 » permettait de découvrir la première œuvre Jean Tinguely alors artiste et décorateur. « 14 rooms » à Bâle » (2014) réactivait la désopilante œuvre performée de Damien Hirst avec deux jumeaux (Léonard et Michel-Ange) dessinant sous deux spot paintings (1992). L’écart entre les œuvres de jeunesse et la production plus tardive peut se révéler parfois saisissant (Jean-Michel Othoniel).